CONDUIRE EN GÉORGIE, UNE FAUSSE BONNE IDÉE ?

Par Yvan Ruiz

Temps de lecture estimé : moins de 30 minutes

Pour les voyageurs en quête d’aventure et d’indépendance, la conduite d’un véhicule privé (que cela soit en location ou par le biais de Nela Voyage) reste LE moyen de s’écarter des sentiers battus et de découvrir la Géorgie dans toute son authenticité. Mais, entre la législation, l’état des routes et les habitudes locales, la conduite en Géorgie a de quoi surprendre. Voici un aperçu détaillé de ce qu’il faut savoir avant de prendre le volant et de rouler à toute berzingue avec « Born to Be Wild » sur les routes géorgiennes !

LA RÉGLEMENTATION

Commençons par une bonne nouvelle : d’une manière générale, les règles relatives à la conduite sont à peu près les mêmes en France et dans le reste de l’Europe qu’en Géorgie.

Par exemple, et sauf indication contraire, la vitesse est limitée à 60 km/h en agglomération, à 90 km/h sur les routes nationales et à 110 km/h sur l’autoroute. Même si je ne suis pas censé vous donner ce genre de conseil, l’article 125 du Code des Services Administratifs vous autorise à allègrement dépasser la vitesse maximum autorisée de 15 km/h sans craindre de vous faire flasher ! En tant que conducteur régulier, je trouve cette « marge de manœuvre » assez confortable. Tant qu’on y est, soyez attentifs quant à votre vitesse, car les radars automatiques géorgiens sont absolument partout, en plus d’être très discrets ! Ces derniers ne ressemblent pas à d’énormes boîtes posées sur le bord des routes comme en France, mais plutôt à de petites caméras blanches perchées sur les poteaux ou sous les ponts…

Autre exemple, l’alcool au volant est strictement interdit, même si, dans les faits, les contrôles d’alcoolémie sont extrêmement rares (surtout hors des villes). À ce propos, vous constaterez assez vite que la police est omniprésente sur les routes géorgiennes, même si les interventions se limitent uniquement aux cas les plus extrêmes. Aussi, sachez que si vous êtes titulaire d’un permis de conduire européen, vous pouvez conduire en Géorgie sans aucun souci. Enfin, la ceinture de sécurité est obligatoire depuis 2011, mais seulement pour les passagers avant et l’usage du téléphone en conduisant est strictement interdit ! Cela dit, les infractions à ces règles ne font presque jamais l’objet de contravention de la part des forces de l’ordre.

UNE SIGNALISATION ALÉATOIRE

Depuis 1993, la Géorgie est signataire de la Convention de Vienne sur la signalisation routière. Concrètement, cela signifie que la taille, la forme et les couleurs des feux tricolores ou des panneaux de signalisation sont, à quelques détails près, les mêmes qu’en Europe. Le pays est allé encore plus loin en remplaçant systématiquement les inscriptions en alphabet cyrillique datant de la période soviétique par des panneaux bilingues utilisant les alphabets latin et géorgien. Cette vaste politique de « dérussification » mise en œuvre depuis les années 2000 vise officiellement à favoriser le développement du tourisme.

Pourtant, sur le terrain, la réalité est beaucoup moins reluisante. En cause, une signalétique souvent confuse et parfois même contradictoire ! Et les exemples se trouvent malheureusement à la pelle !

À Batoumi ou à Tbilissi, il n’est pas rare de voir un panneau d’obligation de tourner d’un côté et, quelques mètres plus loin, un autre panneau indiquant quant à lui une obligation de tourner de l’autre côté ! Dans le même esprit, les marquages au sol obligeant à aller tout droit côtoient fréquemment des sens interdits installés en face !

Moins grave, mais tout aussi révélateur du problème, certaines municipalités sont carrément mal orthographiées ! C’est le cas, par exemple, du village de Zak, en Samtskhé-Djavakhétie, qui, pour une raison obscure, a été orthographié « Zakvi ». Les habitants ont donc pris la décision radicale d’effacer eux-mêmes les deux dernières lettres du panneau ! Autre exemple, même région. À la sortie d’Akhalkalaki, un panneau routier indique une route permettant d’atteindre directement à Bakuriani et Bordjomi. Or, cette route qui mène aux petits villages de haute montagne est dans un état déplorable et est habituellement fermée en hiver ! Cela pose de gros problèmes aux étrangers ou aux personnes qui ne connaissent pas la région, notamment aux chauffeurs de poids lourd, nombreux dans cette zone frontalière.

Au-delà des problèmes évidents de sécurité que ce « cafouillage signalétique » provoque, c’est la population géorgienne qui en fait les frais en se voyant infliger un nombre ahurissant de contraventions pour non-respect de règles qui n’existent pas ! Malheureusement, je sais de quoi je parle… Ainsi, en mai 2023, près de 500 000 GEL d’amendes ont été émises sur un seul petit tronçon aux abords d’Ureki, en région Gourie, où il était pratiquement impossible de passer sans recevoir une amende bien salée ! Des protestations ont immédiatement éclaté et une centaine de plaintes ont été déposées… en vain.

L’ÉTAT (INÉGAL) DES ROUTES

En Géorgie, il n’y a qu’une seule autoroute qui est en très bon état, gratuite et donc dépourvue de péages (pour le moment…). Reliant Tbilissi à Samtredia sur près de 230 kilomètres de « 2×2 voies », l’autoroute « ს1 » est en cours de modernisation dans le cadre du projet d’autoroute « Est-Ouest » initié en 2006. À terme, le but est de faire de la Géorgie une plaque tournante du transport international en reliant les pays du sud Caucase à la Turquie. Difficile de ne pas voir la volonté du gouvernement géorgien de se poser en tant que maillon central des nouvelles Routes de la Soie tissées par la Chine. Mais là, je m’écarte du sujet…

Outre son unique autoroute, la Géorgie possède également 13 routes « internationales » appelées ainsi, car menant pour la plupart à une frontière avec un pays voisin. Ces routes, indiquées par de grands panneaux bleus, sont asphaltées et leur état général est relativement acceptable.

Mais, dès lors que l’on s’écarte de ces axes principaux, la situation se complique. En effet, l’état de ce que j’appellerai le réseau « secondaire » peut aller du lisse ruban d’asphalte qui se déroule à l’infini à la dangereuse piste non entretenue aux airs de champ de bataille. D’une manière générale, et même si la situation s’est grandement améliorée depuis quelques années, les nids de poules sont omniprésents sur le réseau secondaire. À l’approche des petites agglomérations, le danger vient aussi des plaques d’égouts tantôt enfoncées, tantôt surélevées qui mettent les suspensions à rude épreuve. Pire encore, l’état parfois désastreux du revêtement routier peut carrément nécessiter l’utilisation d’un véhicule tout-terrain et ce, même par temps sec ! Alors un conseil si vous sortez des grands axes : gardez en permanence un œil sur la chaussée ! Une technique que je pratique encore par moments consiste à suivre au centimètre près le sillage du véhicule de devant tout en gardant une certaine distance (on ne sait jamais !). Et puis, nul besoin de vous dire qu’il est fortement déconseillé de conduire de nuit sur ces routes, n’est-ce pas ?

Enfin, il y a bien évidemment les routes de haute montagne qui subissent les aléas climatiques et leurs conséquences… À la fonte des neiges et au printemps, avec les crues, les glissements de terrain et les éboulements qui s’ensuivent, la chaussée prend parfois très cher et certaines portions sont inlassablement reconstruites tous les printemps ! De toute façon, au cœur du rude hiver montagnard, soit, entre fin-octobre et début-mai, les cols de haute altitude qui jalonnent ces routes sont souvent fermés. C’est le cas notamment de la Toushétie ou de la Khèvsourétie.

LA FAUNE DU MACADAM

Ce qui surprend le plus lorsque l’on est non-initié à la conduite en Géorgie, ce sont les animaux présents sur les routes. Le pays ne possédant pas de pâturages clos comme en Europe, il est tout à fait normal de voir toute sorte de bétail traîner nonchalamment sur la chaussée !

D’abord, il y a les vaches, que l’on retrouve tout autant sur les routes de montagne, en ville ou même sur certaines portions d’autoroute (notamment entre Kutaïssi et Samtredia). Fort heureusement, le bon sens vous fera normalement ralentir à la vue de ces animaux visibles d’assez loin ! Toutefois, si vous vous retrouvez coincé au milieu de ces impassibles bovins, n’hésitez pas à klaxonner pour que ces dames vous laissent vous faufiler à l’extérieur du troupeau.

Outre les vaches, il y a aussi les moutons et les chèvres qui peuvent poser problème, particulièrement lors des transhumances, soit au début et à la fin de l’été. Face à un troupeau de plusieurs centaines d’individus, il n’y a malheureusement rien à faire à part prendre son mal en patience et espérer que les bergers dégagent la route. Dans le cas d’un cheptel de plus petite envergure, soyez sur vos gardes, surtout si le berger n’est pas à proximité… Pourquoi ? Tout simplement parce que de gros bergers du Caucase veillent souvent au grain et n’hésiteront pas à croquer les petits doigts qui dépasseraient de votre véhicule… Donc, dans le doute, pensez à relever vos vitres et soyez vigilants si vous avez l’idée de sortir du véhicule pour prendre une photo.

Un autre type de chien peut parfois être problématique sur les routes géorgiennes : les chiens errants. Le souci, c’est que ces animaux sont tellement habitués à errer près des routes qu’ils en oublient le danger. C’est notamment le cas des plus jeunes qui n’ont malheureusement pas conscience qu’une seule erreur pourrait suffire pour les faire passer de vie à trépas… Alors, faites très attention si vous voyez ces pauvres canidés ! Vous pouvez aussi vous improviser livreur à domicile en pensant à emporter les restes de vos repas avec vous pour les leur offrir ! Ou faites carrément comme moi et veillez à toujours avoir de l’eau ainsi qu’un petit stock de croquettes dans votre coffre !

LA CONDUITE « À LA GÉORGIENNE »

Sur les routes géorgiennes, le principal danger provient non pas de l’état de la chaussée ou des animaux en liberté, mais bel et bien des autres conducteurs. En effet, la Géorgie est tristement connue pour son style de conduite agressif, chaotique et surtout faisant fi du code de la route.

Vitesse excessive en plein virage, dépassements hasardeux par la droite, franchissements de lignes continues, création d’une « troisième voie » au beau milieu de la route… les comportements dangereux sont malheureusement monnaie courante en Géorgie. Ainsi, lors d’un dépassement, vérifiez plusieurs fois vos rétroviseurs avant de vous engager et préparez-vous à faire face à des manœuvres aussi soudaines qu’imprévues de la part des autres automobilistes. Quant aux distances de sécurité, oubliez tout de suite ! Vous constaterez par vous-même que si vous gardez un peu trop vos distances par rapport au véhicule qui vous précède, très vite, un autre véhicule vous dépassera pour combler le « vide » devant vous !

Pourtant, une courtoisie toute relative et un certain code de communication existent entre les chauffeurs. En voici les trois piliers : index pointé en l’air à travers la fenêtre = « laissez-moi passer ! » (ne confondez surtout pas votre index et votre majeur !) ; appel de phare d’un véhicule qui arrive en face = « vas-y, passe » ; feux de détresse du véhicule devant vous = « merci de m’avoir laissé passer » ou « désolé pour la queue de poisson ». Et lorsqu’un poids lourd active son clignotant droit devant vous, cela signifie « tu peux me dépasser, n’aies pas peur » (à interpréter avec prudence, sait-on jamais).  Enfin, si un gros 4×4 noir aux vitres teintées avec des gyrophares au niveau du radiateur apparait dans votre rétroviseur et arrive pleine balle sur vous en faisant des appels de phare, c’est normal. Il s’agit soit d’une voiture de police banalisée, soit d’un membre du gouvernement qui use de sa situation pour se rendre plus vite à un endroit et outrepasser les lois…

LA JUNGLE DES GRANDES VILLES

Lorsque j’évoque les « grandes villes » de Géorgie, je fais presque exclusivement référence à Tbilissi et à Batoumi. Si conduire dans ces deux villes n’est pas impossible, cela est réservé aux conducteurs confiants et patients tant cela s’assimile parfois à la pratique d’un sport extrême !

La première chose à savoir, dans le cas de Tbilissi ou dans celui de Batoumi, c’est que le trafic y est particulièrement dense, surtout aux heures de pointe, c’est-à-dire entre 9h et 10h30 et entre 17h et 19h30. En fait, c’est un peu comme dans toutes les grandes villes, mais avec les klaxons en plus. Sur ce point, vous constaterez très vite que les Géorgiens ont le klaxon facile et l’utilisent à outrance, que ce soit pour remercier, pour saluer, pour insulter, pour avertir ou même pour le plaisir de rajouter à la cacophonie ! Maintenant, souvenez-vous de la conduite « à la géorgienne » évoquée dans le paragraphe précédent… Vous la sentez venir ? Eh oui, en ville aussi, on ignore le code de la route… Ainsi, il n’est pas rare de voir : des dépassements imprudents, même en plein centre-ville, des feux franchis au rouge « bien mûr », des règles de priorité complètement ignorées, notamment dans les ronds-points, etc. Ajoutez à tout cela des arrêts réguliers en double file et des piétons qui traversent hors des clous et vous obtenez un joyeux chaos organisé !

Si Batoumi ne compte « que » 185 000 habitants en 2024, Tbilissi comptabilise environ 1 250 000 âmes, soit un tiers de la population géorgienne ! Donc forcément, y circuler, c’est une autre affaire. La première chose qui frappe lorsque l’on s’écarte du centre-ville, ce sont ces longues avenues rectilignes qui comptent deux, trois, quatre, cinq et même parfois six voies ! Autant vous dire qu’avec la culture du « vroom vroom » qui règne en Géorgie, certains tbilissiens se voient comme de véritables pilotes de F1 en milieu urbain ! Une autre spécificité de la capitale géorgienne est sa règle de la priorité. En l’absence d’indication claire, c’est techniquement la priorité à droite qui s’applique, mais dans la pratique, la priorité va officieusement au véhicule le plus cher ou le plus grand. Ceci étant dit, je mets un point d’honneur à ne pas appliquer cette règle que je trouve discriminatoire et je continue, malgré les risques, de volontairement faire des pieds-de-nez aux propriétaires qui affichent trop ostentatoirement leur réussite sociale ! Je sais, je vais parfois un peu trop loin, mais que voulez-vous, l’intégrité et la justice sont des valeurs essentielles chez moi…

Enfin, et contrairement à Batoumi où il n’est pas si difficile de stationner, trouver une place où se garer à Tbilissi relève de l’exploit ! Les parkings sont rares, les places souvent prises et le stationnement est payant sur la plupart des artères de circulation. L’astuce consiste donc à oser s’engouffrer dans les petites rues, mais sans aucune garantie de succès… Le plus simple est donc de télécharger l’application Tbilisi Parking et de créditer votre compte de quelques laris (selon la zone, vous serez facturé entre 0,50 GEL et 1 GEL par heure, ce qui est très honnête, qu’on se le dise). Et gare aux places handicapées ou aux stationnements gênants, les « sentinelles du stationnement » sont constamment en chasse et prêtes à enlever votre véhicule !

LOUER UNE VOITURE

Pour la location d’un véhicule en Géorgie, la meilleure option est Local Rent, un agrégateur qui vous mettra en relation avec des particuliers et/ou de petites agences locales. Comptez entre 20€ et 40€ par jour selon le véhicule. Sinon, il y a toujours les agences internationales comme Hertz ou Europcar, mais ces dernières sont très onéreuses. Vous pouvez aussi opter pour Overlando et sa flotte de véhicules soviétiques allant de la mythique Lada Niva à l’indestructible UAZ 452 si vous êtes à la recherche d’une expérience plus « vintage ».

Cela peut paraître évident, mais lors de votre recherche, assurez-vous de choisir un véhicule avec le volant à gauche. Car oui, en Géorgie, un certain nombre de voitures, provenant pour la plupart du Japon, ont le volant à droite ! Pour des raisons manifestes, ces véhicules sont très problématiques, notamment dans le cas des dépassements… En effet, avoir le volant à droite et vouloir dépasser par la gauche implique de déporter quasiment tout le véhicule sur la voie opposée, ce qui augmente grandement le risque de collision frontale ! Si le gouvernement tolère toujours ces véhicules, les taxes d’importation pour les voitures avec le volant à droite ont été considérablement augmentées afin d’en dissuader l’achat. Mesure efficace ou non, l’avenir nous le dira… Aussi, je vous conseille fortement d’opter pour un véhicule doté d’une assurance multirisque, même si cette dernière est totalement facultative en Géorgie !

Quant au choix du véhicule, rappelez-vous les préconisations que je vous ai données sur l’état des routes, notamment dans les régions montagneuses. Je le répète, au cas où vous n’auriez pas bien saisi le message, privilégiez un petit 4×4 ou un SUV avec une garde au sol relativement importante. Parmi les modèles qui allient fiabilité, consommation acceptable et confort, je vous préconise grandement les modèles suivants : le très polyvalent Toyota RAV-4, le confortable et étonnant Subaru Crosstrek ou le très économique Suzuki Vitara. Je peux aussi citer le Subaru Forester, le Renaut Duster, le Honda CR-V, le Nissan X-Trail, le Mitsubishi Outlander ou la Jeep Renegade qui sont également des modèles assez communs en Géorgie.

Une fois votre choix fait, il vous faudra simplement : votre permis de conduire, votre pièce d’identité et un moyen de paiement. Sur ce dernier point, assurez-vous d’avoir de l’argent liquide, surtout dans le cadre d’une location à un particulier.

Une fois sur place, vérifiez les petits accrocs, les rayures et les traces de choc autant à l’extérieur qu’à l’intérieur et portez une attention particulière à l’état général des pneus et des suspensions. L’idéal étant de prendre une vidéo ou de mitrailler le véhicule de photos, puis d’envoyer immédiatement le tout au loueur pour éviter tout litige lors de la remise. À ce propos, pensez à activer l’affichage automatique de la date sinon vos clichés n’auront aucune valeur ! Aussi, soyez transparents sur vos intentions et avertissez le loueur de votre itinéraire, car certains loueurs interdisent à leurs clients d’emprunter certaines routes comme celle de Toushétie ou celle du parc national de Vashlovani. Enfin, avant de prendre la route, assurez-vous d’être en possession du passeport du véhicule. Celui-ci se trouve souvent sous le pare-soleil ou dans un rangement stratégique et vous sera automatiquement demandé par les forces de l’ordre en cas de contrôle routier.

Si l’envie aventureuse vous prend d’entrer en Géorgie par voie terrestre avec votre propre véhicule, n’hésitez pas à consulter mon article sur les démarches administratives à effectuer pour un séjour en Géorgie.

VADROUILLER EN GÉORGIE

Si vous voyagez en totale autonomie, vous allez devoir établir un itinéraire plus ou moins précis. Là encore, il y a quelques subtilités à connaître. D’abord, ne vous fiez pas aveuglément aux temps de route indiqués par les cartes GPS et autres Google Maps, exception faite de l’autoroute. Vous l’aurez deviné, la raison étant l’état inégal des routes évoqué un peu plus haut dans cet article. L’astuce consiste à ajouter environ 10% au temps de route indiqué pour les routes internationales et jusqu’à 20% si vous sortez des grands axes. Ainsi, vous aurez une idée à peu près juste et réaliste du temps que vous mettrez à parcourir telle ou telle distance. Dans le même esprit, vérifiez bien que la destination que vous cherchez à atteindre soit la bonne ! Cela peut paraître idiot, mais de nombreuses localités comme Akhatsikhe ou Tsikhisdziri portent exactement le même nom et la confusion est vite arrivée ! Voici un exemple qui arrive presque tous les ans : des touristes louent une voiture et veulent se rendre à la cité de Vardzia, en Samtskhé-Djavakhétie ; ils tapent « Vardzia » dans leur GPS ; après une longue route, ils se retrouvent au beau milieu d’un village sans parvenir à trouver la fameuse ville troglodyte ; ils finissent tôt ou tard par réaliser qu’ils se trouvent dans le village de Vardzia, en Imérétie, à environ quatre heures de route de leur destination initiale !

Tant que l’on évoque la navigation par satellite, je vous conseille grandement d’installer l’application Maps.me, puis de télécharger la carte de la Géorgie avant votre séjour. Cette application gratuite est très utile puisqu’elle est accessible hors ligne (donc sans forcément avoir besoin de connexion internet). Là encore, nul besoin de vous fier aux temps de route qui sont très imprécis. En revanche, cette appli est d’une utilité incomparable si vous faites des randonnées !

Enfin, je ne peux que vivement vous conseiller de vérifier les conditions météo ainsi que l’état des routes avant de partir. À cet effet, vous trouverez une carte interactive et actualisée des restrictions et des fermetures de routes sur le site de GeoRoad.

CARBURANT ET STATIONS-SERVICE

Vous trouverez très facilement des stations-service sur tout le territoire géorgien, y compris dans les zones rurales. Mais, si vous planifiez de vous aventurer dans certaines zones comme le semi-désert d’Udabno, le parc national de Vashlovani, la Toushétie, la Khèvsourétie, la Haute Racha, la Basse Svanétie ou encore la Haute Adjarie, il vaut mieux faire le plein avant car ces zones sont totalement dépourvues de stations-service !

Si d’ordinaire je vous conseillerais de vous arrêter aux petites pompes indépendantes plutôt qu’aux stations des grands groupes pétroliers, les stations essence font exception. Oui, on a toutes et tous nos petites contradictions ! Le problème avec les petites stations indépendantes, c’est qu’on ne peut jamais être sûr de la qualité du carburant. Par sécurité, il vaut donc mieux privilégier les grandes enseignes géorgiennes comme Wissol, Guf et Connect ou les marques internationales comme Socar (Azerbaïdjan) ou Rompetrol (Kazakhstan).

En Géorgie, la grande majorité des stations-service fonctionnent « à l’ancienne », c’est-à-dire qu’un employé fera le plein à votre place, sans que vous n’ayez à sortir de votre véhicule. Par exemple, pour faire le plein, tout ce que vous avez à faire, c’est de dire « savsé baki », puis de préciser le type de carburant que vous souhaitez. L’indice d’octane n’étant pas forcément mentionné, ayez en tête que les appellations « Regular », « Premium » et « Super » correspondent respectivement à de l’essence sans-plomb 92, 95 et 98. Aussi, n’oubliez pas de spécifier « kèshit’ » si vous voulez payer en espèces ou « baratit’ » si vous voulez payer par carte. Enfin, ne cherchez pas la borne de gonflage, car elle n’existe tout simplement pas ! Si vous voulez faire la pression de vos pneus, il vous faudra vous rendre dans un petit garage et payer environ 0,5 GEL par pneu gonflé.

Enfin, pour ce qui est du prix, vous serez agréablement surpris de savoir que le carburant est bien moins chèr en Géorgie qu’en Europe ! Le prix de l’essence oscille entre 3 GEL et 3,50 GEL par litre, soit approximativement 1 euro. D’ailleurs, si vous voulez vérifier les prix, rendez-vous sur ce site.

ET EN CAS D’ACCIDENT ?

Que vous ayez opté pour un véhicule avec assurance ou non, en cas d’accident de la route, ayez pour premier réflexe d’appeler la police en composant le 112. Surtout, ne bougez votre véhicule sous aucun prétexte, même si celui-ci est au milieu de la route et empêche tout le monde de passer ! En effet, ce sont les agents de police qui doivent prendre des photos et dresser le constat. Ensuite seulement, vous pourrez appeler votre agence de location pour les prévenir de la situation et organiser la suite des évènements (généralement, on vous dépêchera un autre véhicule le jour même). Si je vous dis ça, c’est parce qu’en Géorgie le taux de pénétration de l’assurance automobile reste remarquablement faible. En 2023, sur 1,7 million de véhicules, seuls 140 000 étaient assurés, soit environ 8 % de la flotte du pays ! Par conséquent, on préfère s’arranger « à l’amiable »…

Au-delà de ces éléments quelque peu alarmistes, j’en conviens, conduire en Géorgie n’est pas si terrifiant que cela en a l’air ! Le tout est de se préparer en tâchant de ne pas se laisser distraire par les paysages grandioses du pays et en ayant constamment les yeux sur la route et le pied sur le frein. De plus, si on fait preuve de bon sens, rouler avec une voiture de location dans un pays étranger devrait vous faire redoubler de prudence ! Si, malgré tout, vous préférez ne pas prendre de risque et profiter de votre voyage à 100%, faites appel à Nela Voyage !

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Yvan RUIZ – 2025